Aline Sitoé Diatta, surnommée « la Dame de Kabrousse » ou « la Jeanne d’Arc africaine », est née vers 1920 à Kabrousse, un village de Basse-Casamance, au sud du Sénégal. Issue du peuple Jola, elle est élevée par son oncle après la mort de ses parents. Jeune adulte, elle part à Dakar pour travailler comme domestique, avant de revenir à Kabrousse après avoir eu une vision qu’elle interprète comme un appel divin à lutter contre la colonisation française.
De retour dans sa région natale, Aline Sitoé Diatta devient une figure spirituelle respectée. Elle prône un retour aux traditions Jola, réintroduisant une semaine de travail de six jours et favorisant la culture du riz, essentielle pour son peuple. En 1942, après une récolte de riz confisquée par les autorités coloniales françaises, elle appelle à la désobéissance civile : refus de payer les impôts, de cultiver l’arachide et de se soumettre à la conscription. Ce mouvement de résistance prend de l’ampleur, notamment parmi les femmes, et inquiète les autorités coloniales.
Le 8 mai 1943, Aline Sitoé Diatta est arrêtée avec 17 autres personnes et condamnée à de lourdes peines. Elle est ensuite déportée à Tombouctou, au Mali, où elle meurt le 22 mai 1944, à l’âge de 24 ans, des suites de mauvais traitements.
Au Sénégal, Aline Sitoé Diatta est devenue un symbole de la résistance anticoloniale. Son nom a été attribué à divers lieux et institutions, tels que le ferry MV Aline Sitoé Diatta, le campus universitaire de Ziguinchor et le stade de la ville. Elle est également célébrée dans la littérature et les arts, rappelant l’importance de préserver la mémoire des héroïnes oubliées de l’histoire. Aline Sitoé Diatta incarne la lutte, la spiritualité et la détermination des femmes africaines face à l’oppression coloniale, et continue d’inspirer des générations à travers le monde.

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